... Nous entrons dans l'ère de l'entreprise informelle.
"Dis-moi comment tu veux travailler et je te proposerai un espace qui te conviendra."
« Plusieurs évolutions tangibles viennent confirmer l’idée qu’une entreprise informelle se dessine dans l’Hexagone. Même s’il est encore difficile de faire changer la culture managériale française et même si la vision de l’espace de travail est encore trop perçue comme un coût, les choses changent. Les Office managers, Hapinness officers, Directeurs de l’immobilier et Facility Managers commencent à se faire une place, signe que l’espace de travail est une ressource qu’il est important de bien gérer. Une prise de conscience liée à l’augmentation des loyers, certes, mais liée également à la pénurie de certains talents qu’il n’est possible d’attirer et de fidéliser qu’en les choyant. La tendance n’en est qu’à ses débuts et fait voler en éclats les codes rigides de l’entreprise. »
"Dis-moi comment tu veux travailler et je te proposerai un espace qui te conviendra."
De même que l’on fait rarement la même chose tout au long d’une journée, on a rarement besoin du même espace de travail selon que l’on doit se concentrer, échanger, communiquer, s’inspirer de l’énergie des autres, se régénérer… Des études ont démontré qu’un salarié est davantage satisfait de son entreprise et épanoui dans sa fonction lorsqu’il a le choix et le contrôle de son espace de travail.
Doit-on alors pousser les murs, voire déménager ? Non. Cela passe en réalité par une meilleure gestion de l’espace. A titre d’exemple, une entreprise qui emploie des forces de vente voit souvent ses commerciaux se rendre sur le terrain. Tous ont-ils besoin d’un bureau attitré ? Ne peut-on pas, avec l’aide d’outils numériques, optimiser ces espaces souvent vides pour leur donner de nouvelles définitions adaptables en fonction des besoins (salle de réunion, lieu pour brainstormer, espace pour s’isoler…) ?
Réinvestir les cafèt’ et les couloirs pour favoriser la sérendipité
Au-delà d’un nouvel usage de l’espace bureau, l’entreprise informelle c’est aussi quand l’entreprise qui se réapproprie les espaces oubliés. La cafétéria en est le symbole par excellence. Mieux pensé, ce lieu peut être propice à des échanges plus décontractés mais tout aussi constructifs. C’est d’ailleurs souvent au cours de ces échanges informels et imprévus que de brillantes idées émergent. Il est donc important de faire en sorte que les gens se rencontrent à nouveau dans les entreprises.
Salle de pause, couloirs, paliers : tous les lieux doivent être réinvestis, avec du mobilier permettant de se poser et des tableaux ou blocs notes pour noter ses idées ainsi que des machines à cafés à disposition, afin d’encourager la sérendipité. Un concept fondateur qui consiste à mettre en places les conditions nécessaires pour que le hasard fasse bien les choses, autrement dit pour multiplier ces « chocs » pour faire naître des collaborations fécondes et des relations humaines plus riches.
Faire voir la vie en rose aux salariés
Finis les tons gris et le mobilier sans caractère. Aujourd’hui la couleur et les matériaux les plus design et audacieux investissent les lieux pour raconter une histoire et embarquer les salariés dans un univers à l’identité assumée. Une avancée de taille quand on sait que 31 % des Français trouvent leur bureau « impersonnel » selon une étude Ipsos pour Steelcase. Revêtements en laine de feutre, tissus aux motifs alvéolés, plaquage chêne, textures singulières… Les codes de l’habitat se sont emparés des bureaux pour décomplexer les espaces. Désormais, les entreprises prennent soin de leurs intérieurs au même titre qu’un individu prend soin de son salon. Les collaborateurs doivent être dans les meilleures dispositions émotionnelles.
Vers un bien-être physique, émotionnel et cognitif
Et impossible d’envisager un confort émotionnel sans un confort ergonomique. Là aussi, les postures ont longtemps été dictées par un certain formalisme, autrement dit, être assis à son bureau, le dos droit et les coudes perpendiculaires.
Or, de plus en plus d’entreprises brisent le tabou du confort. Une nécessité si elles veulent attirer les nouvelles générations qui ont développé des habitudes de postures très différentes de leurs ainés : des postures plus décontractées, plus « lovées ».
Le nouveau mobilier suit donc cette tendance et répond aujourd’hui à trois critères : le bien-être physique (prévenir le mal de dos), émotionnel (être plus détendu) et cognitif (mieux régénérer le cerveau et se concentrer).
Exit la tour d’ivoire pour les dirigeants
Dernière image d’Épinal de l’entreprise traditionnelle qui se fissure : celle du dirigeant enfermé dans sa tour d’ivoire, coupé de la base, installé dans un bureau plus spacieux que les autres et au mobilier cossu, comme pour renvoyer un signal de distance et de protection.
Désormais, les directeurs et responsables prennent leurs distances avec le critère d’inaccessibilité qui a longtemps caractérisé leur statut. Le fonctionnement en silo, l’intermédiaire d’un(e) assistant(e), la hiérarchie pyramidale : tous ces composants d’un management « à l’ancienne » tendent à disparaître. Les dirigeants sont de plus en plus en contact avec leurs équipes, et laissent volontiers transparaître leur personnalité tout en insufflant une culture d’entreprise. En décentralisant le processus de prise de décision, ils développent un modèle plus consultatif et collaboratif sollicité par les nouvelles générations de travailleurs.
Article tiré du journal "Mode(s) d'Emploi"
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